L. Harambourg. La bibliothèque de Naftali Rakuzin
Nous nous approchons pour saisir un ouvrage parmi d'autres, serrés sur un rayonnage donc la tranche nous donne la teneur, Velasquez, Rembrandt, Mondrian : nous voici piégés. Le trompe-l’œil a délicieusement fonctionné. Notre regard bute sur la toile, absorbée par le mur, Rien ne dépasse. Regardez et rêvez. Chez cet artiste d'origine russe installé à Paris depuis 1982, l'amour de la peinture est partagé avec celui du livre. Nous avions aimé sa précédente exposition d'une séduction inattendue qui en dit long sur ses qualités picturales. Car il faut une certaine humilité pour reprendre un motif qui à la longue peut lasser. 13 parvient à mêler ligueur et sensualité. Une maîtrise de l'image, cristallisée, qu'il pare d'une lumière travaillée dans la matière. Ici l'huile a succédé aux crayons de couleurs. Il obtient différemment la vibration chromatique. Plus mûrie, la couche picturale se nourrit de multiples superpositions de couleurs liées entre elles par le médium. Ces vies silencieuses accompagnent sa lente approche de la peinture qu'il transpose avec poésie et un brin d'humour.